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Covid 19 : le Cameroun plonge dans l’inconnu du vaccin.

Le pays s’apprête à introduire sur le territoire un vaccin pourtant vivement contesté ailleurs, ignorant superbement les solutions locales.

Le ministre camerounais de la Santé publique Manaouda Malachie a signé le 22 janvier 2021, un message porté  convoquant les membres de la « task force nationale de communication et de mobilisation sociale pour la santé », dans le cadre des travaux du Comité national de coordination des préparatifs à l’introduction du vaccin covid 19 au Cameroun. Ces membres, composés du personnel du ministère de la Santé, des responsables de la communication de 9 autres ministères, de 12 organisations de la société civile et de 11 partenaires vont se réunir le 27 janvier 2021. L’ordre du jour de la rencontre n’est pas précisé, mais la dénomination des travaux renseigne à suffisance qu’il s’agit de mettre sur pied une stratégie pour préparer les populations à l’introduction  de ce vaccin contre le Covid 19. Pour mémoire, la définition la plus simpliste donnée est qu’un vaccin prépare votre corps à combattre une infection, un virus ou une maladie particulière. Les vaccins contiennent des fragments inactifs ou affaiblis de l’organisme qui provoquent une maladie, ou un « schéma directeur » qui déclenchera la même réaction. Cela incite le système immunitaire à reconnaître l’envahisseur s’il vient et à produire des anticorps pour apprendre à le combattre.

Multitude de vaccins

L’une des interrogations qui surgit à la lecture de ce message porté, est celle de savoir quel vaccin le gouvernement se prépare à introduire au Cameroun. Le monde entier vit en effet avec le corona virus 19 ce qu’on peut appeler le miracle vaccinal. Alors que bien d’épidémies continuent de décimer le monde faute de vaccin, le paludisme et le sida peuvent être cités en exemple, en 9 mois, pas moins de 5 vaccins ont été mis au point et approuvés par les instances nationales compétentes, et déjà administrés. Le vaccin des firmes anglaise Oxford Uni-AstraZeneca, l’américaine Moderna, l’américano-allemande Pfizer-BioNtech,  la russe Gamaleya qui a mis au point Spoutnik V et la chinoise Sinovac avec le Coronavac. Et d’autres vaccins sont encore en laboratoire. Ces différents vaccins présentent des particularités, et déjà l’on se pose la question de savoir pourquoi autant de vaccins pour une même maladie alors que jusqu’ici les populations ont été habituées à entendre parler du vaccin au singulier ? On a souvent parlé du Bcg contre la polio et non des Bcg, du Dtc contre le tétanos, du Dtc contre la coqueluche, du polio contre la poliomyélite, tout cela résumé dans un ensemble que l’on appelait DtcoqPolio. Mais le corona virus semble plus démocratique en la matière et donne la possibilité à tout le monde de développer son produit contre lui. Et en attendant que le monde médical camerounais dise quelle souche de ce virus est présente au Cameroun, pour déterminer quel vaccin devra être introduit, la question du choix reste pertinente, et suscite même une autre : le Cameroun a-t-il vraiment le choix, a-t-il les moyens de choisir ce qu’il veut sans que cela ne lui soit imposé ?

Subir

Là il y a un autre doute. Depuis l’approbation des vaccins, l’Union africaine a commandé 270 millions de doses auprès d’un ensemble de fournisseurs – Pfizer, Astra Zeneca et Johnson & Johnson, qui teste encore son vaccin. Ce nombre s’ajoute aux 600 millions de doses obtenues dans le cadre de l’effort mondial Covax, qui vise à fournir des vaccins aux pays à faible revenu et qui est mené par l’Organisation mondiale de la Santé et l’Alliance pour les vaccins, Gavi. Il est important de préciser ici que Gavi, définie comme Global Alliance for Vaccines and Immunization ou, en français « l’Alliance Globale pour les Vaccins et l’Immunisation ») est une organisation internationale créée en 2000, prenant la forme d’un partenariat des secteurs public et privé sur les questions d’immunisation qui a pour but d’accélérer les progrès des pays pauvres dans les possibilités d’accès des enfants à la vaccination et dans la palette de vaccins disponibles. L’Alliance rassemble, entre autres, l’expertise technique de l’organisation mondiale de la Santé, la puissance d’achat en matière de vaccins de l’Unicef  et le savoir-faire financier de la Banque mondiale. Elle intègre également les connaissances en matière de recherche et de développement des fabricants de vaccins, les voix des pays en développement et de grands donateurs étatiques et privés tels que la Fondation Bill et Melinda Gates.

C’est dire simplement que dans le fond, le Cameroun ne se prépare pas à acheter les vaccins, mais à recevoir les dons de vaccins. Et quand il  y a don quelque part c’est que la victime n’est pas loin. Encore que ces vaccins supposés apporter la solution à la propagation du virus, est plutôt en train d’envenimer les choses en Europe, où l’on est désormais confus. Aucune restriction n’est levée, les confinements se renforcent et sont appuyés par des couvre-feux qui ont d’ailleurs provoqué une émeute en Hollande. Le port du masque reste une obligation, les écoles restent fermées, les restaurants gardent les grilles baissées, la distanciation sociale est de rigueur, bref le vaccin contre la Covid 19 ne garantit pas l’immunité, et même les doses initialement limitées à deux vont désormais jusqu’à 6 sans que l’on ne soit toujours sûr de rien.

Dépendance à vie

L’autre interrogation et non la dernière que suscite ces préparatifs à l’introduction du vaccin contre la covid 19 au Cameroun, est celle de savoir si l’on est alors obligé de les laisser entrer ? Que sont devenues les solutions locales ? Au lieu d’ouvrir les frontières une fois de plus pour déverser au Cameroun des substances dont personne ne connait la composition, et qui sont contestées ailleurs comme contenant des micro particules qui permettront de contrôler l’être humain, le Cameroun ne peut-il pas aussi sur ce coup avoir un sursaut d’orgueil et faire confiance à la recherche locale qui, quoiqu’on dise aura permis au pays d’être l’un des plus résistants jusqu’ici, au point même d’étonner le représentant de l’Oms à Yaoundé, qui se demandait bien ce qui avait protégé les camerounais.

Roland TSAPI