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Morts en série : un rappel de la vanité de la vie

Écrit par sur 12 avril 2021

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En moins de deux semaines, au moins six personnalités publiques sont passées de vie à trépas au Cameroun, comme pour rappeler à la mémoire de chacun qu’il doit s’y préparer et se soucier de ce qu’il laissera derrière lui

Le Cameroun est traversé depuis le début de ce 4eme mois de l’année 2021 par l’ombre de la mort. Au moment où l’on entend peu des pertes en vies humaines dans les régions anglophones et dans la partie septentrionale du pays, ce sont les personnalités de la république qui sont touchées en cascade et dans tous les domaines. Le 3 avril c’était Christian Cardinal Tumi, homme de Dieu. Le 5 avril, Alim Hayatou, homme politique et chef traditionnel, le 9 avril Martin Aristide Okouda, homme politique et ancien ministre, Princesse Rabiatou Njoya, femme de lettres et de culture, Gervais Mendo Zé, homme de lettres également et de religion, le 10 avril c’était le tour de chief Mukete, homme politique et chef traditionnel aussi, et de Guillaume Oyono Mbia homme de culture également.

                     Martin Aristide Okouda

L’on connaît assez de Christian cardinal Tumi, l’unique cardinal camerounais pour le compte de l’église catholique. Alim Hayatou quant à lui était inspecteur principal du trésor de formation, et occupait jusqu’à sa mort les fonctions de secrétaire d’Etat auprès du ministère de la Santé publique depuis 1996 et de lamido de Garoua depuis 2000. Martin Aristide Okouda, décédé le 9 avril 2021, a été quant à lui recruté en 1980 au ministère de l’Économie et du Plan et sera tour à tour Chef de service Adjoint du contrôle des entreprises à la Direction de l’Industrie (1981-1982), Sous-directeur des financements Extérieurs à la Direction de la programmation (1982-1983), directeur Adjoint de la Coopération Économique et Technique et cumulativement Sous-directeur de la Coopération Internationale et Multilatérale au Ministère du plan et de l’Aménagement du Territoire du 26 septembre 1983- 6 mars 1987, date à laquelle il est nommé chargé de mission au Cabinet du président de la République. De 1989 à 1991, il est Chargé de Mission au Secrétariat Général de la Présidence de la République, et travaille à partir du 31 juillet 1991 aux côtés du Premier ministre Sadou Hayatou  comme Conseiller Spécial, en même temps qu’il fait office de l’une des éminences grises les plus actives du régime. A partir du  27 novembre 1992 au 18 mars 2000 il occupe le poste de Ministre chargé de Mission à la Présidence de la République et passe le 18 mars 2000  ministre des Investissements Publics et de l’Aménagement du Territoire. Du 24 août 2002 au 8 décembre 2004, il est  ministre des Affaires Économiques de la programmation et de l’Aménagement du Territoire. Son dernier poste occupé au sein du gouvernement est celui de  ministre des travaux publics qu’il occupe à partir du 8 décembre 2004. En 2012, il est proposé par l’Etat camerounais au poste de Secrétaire exécutif de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEMAC), mais le  principe de rotation fut adopté lors de ce sommet CEMAC, octroyant le poste au Congo

Pour sa part, Princesse Rabiatou Njoya était professeur d’anglais et d’espagnol au lycée technique de Yaoundé, et a également enseigné l’espagnol à l’École supérieure de Yaoundé. De 1981 à 2007, elle a été directrice de communication au Conseil supérieur de sport en Afrique, d’où elle prend sa retraite en 2007. Princesse Rabiatou a été érigée Momafon (conseillère et cohéritière du roi) en 1992 par le 18e roi Bamoun. Membre du réseau des femmes écrivains depuis 1975, elle a écrit plusieurs œuvres poétiques et théâtrales. A sa mort, elle était gestionnaire de la Radio communautaire du Noun, tout en continuant d’écrire  et restant active dans la vie socio-culturelle.

 Princesse Rabiatou Njoya

Le professeur Gervais Mendo Ze était le plus connu comme directeur général de la Cameroon radio and télévision, poste qu’il a occupé pendant dix-sept ans, de 1988 à 2005. Mais il a aussi été ministre délégué au ministère de la Communication de 2004 à 2007 et était à la base professeur d’université, réalisateur et maître chanteur, fondateur de la chorale « La Voix du cénacle » avec laquelle il a composé la célèbre chanson Assimba.

Chief Mukete lui, emporté à 103 ans le 10 avril 2021 par une longue maladie à l’hôpital général de Yaoundé, était jusqu’à sa mort doyen du sénat camerounais depuis sa mise en place en 2013. Il s’est notamment illustré dans cette chambre haute par ses prises de position contre ce qu’il considérait comme de l’indifférence des représentants du peuple face à la crise anglophone.

Guillaume Oyono Mbia quant à lui maître de conférences des universités, faisait partie des écrivains camerounais dont certaines œuvres littéraires ont été inscrites au programme scolaire de l’enseignement secondaire à un moment, notamment « Trois prétendants, un mari »

Il est bien entendu évident que ces personnalités sont connues parce qu’elles ont été ou étaient au-devant de la scène, raison pour laquelle leur départ retient l’attention, mais ce n’est pas pour autant que les autres fils du pays, les no name ou inconnus qui sont passé de vie à trépas ces derniers jours ne sont pas aussi des hommes ou que leur vie importait peu. Ce qui est en jeu ici, c’est la vacuité de cette vie, l’indifférence de la mort face à ce qui est humainement considéré comme de la valeur des hommes. Ces morts en série nous rappellent simplement que nous sommes de passage sur terre, quelle que soit l’importance que les hommes nous accordent, quelle que soit la fonction que nous occupons, quelle que soit la richesse que nous avons amassée. « Chaque jour de ta vie est un feuillet de ton histoire que tu écris », dit un proverbe arabe. Aux vivants de l’intégrer, et se poser chaque jour la question simple : ai-je bien écrit mon histoire ?

Roland TSAPI

 

 

 


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