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Covidbusiness : le Cameroun hors-jeu 2

Écrit par sur 10 mars 2021

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Le port du masque est obligatoire depuis un an au Cameroun, sans que le gouvernement ne songe à en produire localement et en profiter pour créer un marché dans la sous-région. D’autres pays ont pourtant fait une embellie dans le domaine

 

Dans le cadre de la remobilisation contre la pandémie du coronavirus, le gouvernement camerounais multiplie depuis le mois de février 2021 des actions de sensibilisation. Le journal de la radio et de la télévision d’Etat est ouvert par une bande annonce du chef de l’Etat qui invite les populations à respecter les mesures barrières : « je vous exhorte à nouveau à porter vos masques, à vous laver régulièrement les mains et à faire appel à un médecin ou à tout autre personnel de santé au cas où des symptômes apparaissent. C’est le seul moyen de préserver des vies et de freiner la propagation du virus ». Les dernières sorties gouvernementales sont celles du premier ministre Dion Ngute et du ministre de l’administration territoriale Paul Atanga Nji le 5 mars 2021, toutes sur « très hautes instructions du chef de l’Etat ». Le premier ministre dans une adresse radio-télévisée, informait la nation qu’en l’espace d’une semaine, plus de 3000 nouveaux cas de contamination au coronavirus ont été enregistrés, faisant passer le nombre total de personnes infectées au Cameroun à 38 988. Il a surtout regretté que les populations soient devenues insouciantes et peu respectueuses de certaines mesures restées obligatoires : « plusieurs ne portent même plus le masque de protection pourtant obligatoire dans tous les lieux ouverts au public. » Quant au ministre de l’Administration territoriale, c’est par courrier « très urgent » qu’il s’est adressé à tous les gouverneurs des régions, leur instruisant de reprendre dans leurs territoires respectifs la sensibilisation pour le respects des mesures barrières : « le port du masque reste obligatoire dans tous les espaces ouverts au public, les préfets, les sous-préfets et les maires effectueront des descentes régulières dans les marchés, les gares routières et agence de voyages, en vue d’intensifier la campagne de sensibilisation relative à l’obligation du port du masque et au respect des autres mesures barrières. »

L’impossible production des masques

Dans le précédent éditorial nous constations que des pays ont profité de cette pandémie pour booster leur économie et aujourd’hui dressent un bilan plus que positif et avec des perspectives meilleures. On notait par exemple que la Chine a vendu 220 milliards de masques de protection au cours de l’année 2020, pour environ 28 860 milliards de cfa. Parlant du masque exclusivement, le port est obligatoire au Cameroun depuis le 17 mars 2021. Et dans les dernières sorties des membres du gouvernement comme indiqué plus haut, ils ne cessent de le marteler. Mais quel masque porte-t-on ? En Chine, le gouvernement a rendu le port du masque obligatoire et en même temps a fait tourner les machines, pour non seulement satisfaire la demande intérieure mais aussi exporter en quantité. Pour eux il faut porter un masque, mais surtout un masque chinois. Alors que ces pays profitaient de l’occasion pour se réinventer et se repositionner, que faisait le Cameroun ? Qu’a fait le gouvernement camerounais, après avoir rendu le port du masque obligatoire, pour mettre le masque camerounais à disposition ?

Le 8 avril 2020, 20 jours après que le port du masque soit rendu obligatoire parmi tant d’autres mesures, le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, Gabriel Dodo Ndoke a visité à Douala les installations de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), et au sortir de là, il a assuré l’opinion que l’usine allait produire 15 millions de masques stérilisés par mois pour protéger les populations du coronavirus. Les coûts de ces masques, avait-t-on appris, devaient être relativement bas pour permettre au maximum de personnes de s’en procurer. «  Je suis heureux de constater que le processus se passe bien. Le directeur général de la Cicam a mobilisé autour de lui à ma demande tous les professionnels du secteur. A terme, nous devons atteindre 15 millions de masques par mois et cette capacité de production devrait aller croissant », avait alors annoncé le ministre Dodo Ndoke, sur un air de satisfaction. D’après les responsables de la société, la production devait se faire dès la semaine suivante. 20 jours plus tard encore, le 27 avril 2020, la même Cicam, qui faut-il le rappeler est l’unique entreprise du textile dans la zone Cemac, annonçait qu’elle allait mettre sur le marché une gamme de «tissus normalisés  », des tissus spécifiques qui devaient permettre aux confectionneurs lancés dans la production des masques, d’obtenir des produits conformes à la norme récemment adoptée, et plus efficaces en matière de protection contre le virus. Ce matériau devait être vendu au prix de 2065 FCFA le mètre linéaire.

La Cicam victime du non protectionnisme   

Un an après, quel bilan peut être fait de la production des masques made in Cameroon par la Cicam ? Au rythme de 15 millions de masques produits par mois comme annoncé, le Cameroun avait de quoi se bomber le torse, satisfaire la demande locale et conquérir le marché du Gabon, de la Guinée équatoriale, du Tchad et de la République centrafricaine, pour rester dans la sous-région Afrique centrale. La Cicam devrait avoir produit au moins 180 millions de masques, vendus à seulement 200 francs qu’elle aurait déjà fait un chiffre d’affaires d’au moins 36 milliards de francs cfa. Suffisant pour se recapitaliser et renouveler ses usines. L’occasion a été une fois de plus manquée, faute de vision, la Cicam a continué à sombrer au point d’annoncer la fermeture de son usine de Garoua faute de moyen, et la réouverture n’a été possible que « sur très haute instruction du chef de l’Etat»

Aujourd’hui, dans les coins de rues des villes et à l’entrée des administrations publique et privée, le masque se vend à la criée, mais bien sûr le masque chinois. De manière imagée, les usines tournent à des milliers de kilomètres du Cameroun pour fabriquer des masques, qu’elles font vendre à des camerounais par des camerounais dans les rues camerounaises. Ces vendeurs à la sauvette travaillent pour les chinois pour tout dire, ils font rentrer l’argent en chine, ils font tourner l’économie chinoise. Et la nôtre ? Est-ce possible que les Chinois vendent dans les rues de Beijing, Shanghai ou Wuhan des produits fabriqués au Cameroun ? Non, le gouvernement chinois ne le permettrait jamais, parce qu’il protège son économie, et c’est une question de fierté nationale.

Si jamais, puisqu’il faut aller dans le sens du vent, le gouvernement ne rendait pas seulement obligatoire le port du masque, mais précisait qu’il s’agit  du masque camerounais, ne serait-ce pas une occasion pour un secteur de l’économie, aussi négligeable qu’il soit, de tirer profit de cette pandémie pour se redéfinir ?

Roland TSAPI

 

 

 

 


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